À la découverte du plus beau cul-de-sac de Nouvelle-Zélande : le parc national de Fiordland et son mythique Milford Sound
Nous poursuivons notre road trip en Nouvelle-Zélande à bord de notre maintenant fidèle van en quittant la côte est pour nous engager dans la direction du Fiordland National Park.
Lire la suite : À la découverte du plus beau cul-de-sac de Nouvelle-Zélande : le parc national de Fiordland et son mythique Milford SoundCamper dans le Fiorland National Park au Henry Creek campsite
Après un rapide arrêt à Monkey Island où nous hésitons à passer la nuit, nous nous décidons finalement pour avancer un peu plus sur notre itinéraire en espérant retrouver le beau temps rapidement. En effet, même si nous avons réussi à faire le matin même une petite balade le long de la mer à Cole Bay, c’est ensuite dans le van que nous sommes obligés de manger notre pique-nique : le vent n’est pas toujours facile à supporter ! Nous mettons donc ensuite le cap à l’ouest en direction du parc national des Fiordland.
Notre choix pour la nuit se porte sur le premier camping des DOCs en direction du Milford Sound (qui semble être THE incontournable de Nouvelle-Zélande) : le Henry Creek campsite. Miracle, joie et bonheur sont au rendez-vous ! C’est un camping comme nous les aimons particulièrement. Le haut du camping est parfaitement détestable (dalle empierrée qui ressemble à un parking avec un seul pit toilet pour tout le monde) mais la partie le long du lac est formidable. Il y a des petits emplacements individuels avec le lac à deux pas ! Nous prenons rapidement nos quartiers dans ce camping où nous testerons deux emplacements : un avec table (pratique) et un autre donnant immédiatement sur le lac (magique). Immédiatement, nous apprécions cet endroit : nous nous plaisons déjà à imaginer notre journée de repos du lendemain face à ce paysage très agréable…
Le soleil est de retour et c’est une belle journée paisible qui s’offre à nous. J’ai au début un peu la bougeotte : envie de de partir randonner durant cette accalmie de pluie et finalement je me laisse aller à profiter de mon “jardin” incroyable. Une des choses que j’aime particulièrement dans le camping est le fait de se retrouver pour quelques temps au milieu de la nature et d’avoir depuis son van (donc en quelque sorte depuis sa maison) ou à quelques mètres, une vue à couper le souffle.
Nous passerons une journée mémorable faite de pas grand chose d’autre que d’une balade le long du lac dans un sens, une partie de jeu, une autre balade dans l’autre sens, de longues sessions d’observation pour graver dans ma mémoire le scintillement du soleil sur le lac, un apéro face au soleil couchant… Bref la belle vie !
Pour les curieux qui voudraient aller camper au Henry Creek : il faut tout de même savoir que c’est 15 dollars par personne pour aucune autre prestation que la présence du lac et de deux pit toilets pour l’ensemble du camping ! Avec notre DOC pass, cela ne nous semble pas si cher, mais il n’y a vraiment aucune commodité.
Randonner à Boyd Creek
Nous cherchons à randonner dans le coin avant d’avancer davantage en direction du Milford Sound. Nico capte plus que moi et arrive à trouver quelque chose non loin du Henry Creek campsite. Dommage qu’il soit si difficile de trouver des itinéraires autres que des aller-retours, et même de trouver des itinéraires tout court ! Nous sommes très étonnés par la randonnée en Nouvelle-Zélande (et cette sensation va se poursuivre et se confirmer dans la suite de notre périple): il y a un nombre important de parcs nationaux et une quantité prodigieuse de réserves, et pourtant très peu de randonnées ! Les chemins sont très souvent des allers simples et sont parfois des micro-balades qui ne peuvent pas être qualifiés de randonnées. Nous savons que le pays est “jeune” mais le tourisme est important et une part belle est faite au tramping. Devrions-nous marcher plusieurs jours pour trouver des itinéraires qui nous conviennent davantage ?
Aujourd’hui au programme donc, randonnée dans la Boyd Creek, trajet qui se résume facilement : une montée dans la forêt, l’arrivée à un point de vue un peu décevant et une descente dans la même forêt. Nico n’est pas du tout enchanté par cette rando, je le suis davantage car je vois plein de points positifs à cette balade. Tout d’abord, nous savons enfin ce qu’est une beech forest (des hêtres ! ;-)). Ensuite, cette forêt est très mignonne avec toute sa mousse et surtout ses champignons : je n’en ai jamais eu vu autant et d’autant de sortes, à en croire qu’un village Schtroumpf allait apparaître après chaque virage !
Et enfin, le point de vue final (enfin le point du vue tout court), offre tout de même quelque chose de particulier : un espace parfaitement sauvage. Aucune installation humaine n’est dans notre champ de vision. Pas un mouton, pas un poteau, pas un chemin, pas une antenne, pas un son humain. La nature, la vraie, est au rendez-vous et ce sous un rayon de soleil. On n’est pas si mal que ça pour manger nos sandwichs !
Espérer que le beau temps revienne
Le lendemain, c’est un peu la douche froide dans tous les sens du terme. D’une part, nous n’avions pas bien regardé la carte et comprenons à retardement que le Milford Sound est un cul-de-sac ! 120 kilomètres aller puis 120 retour depuis Te Anau… D’autre part, le temps a complement changé : la pluie est maintenant bien présente. Et dernier point, le long du parc national d’une centaine de kilomètres de long, il n’y a aucune douche publique : il faut retourner jusqu’à Te Anau qui est à 40 minutes de là où nous campons…
Malgré la pluie battante, nous tentons tout de même de nous rendre au Milford Sound : nous savons maintenant qu’en Nouvelle-Zélande le temps peut changer vite et nous ne sommes pas à l’abri d’une éclaircie imprévisible. Le trajet est impressionnant : entre les essuie-glaces, nous voyons de hautes montagnes se dresser de part et d’autre de la route qui se remplissent de cascades et de torrents à vue d’œil ! Tout ce déferlement d’eau est impressionnant : les montagnes dégoulinent, pleurent ou prennent une douche selon la sensibilité de l’observateur !
Aux points de vue, les nuages obstruent totalement la vallée mais nous poursuivons tout de même la route et traversons le tunnel de Homer. De l’autre côté de la montagne, suspens…
Le temps est toujours aussi mauvais mais les trombes d’eau donnent un petit air particulier à cet endroit. Malheureusement c’est un parking à 25 dollars qui nous attend une fois arrivés au bout de cette route cul-de-sac ! Finalement, ce n’est pas le mauvais temps la plus grosse déconvenue mais ce parking hors de prix. Depuis ma place de passagère, je discerne le point de vue que j’ai tant vu dans les guides mais nous refusons de payer le parking pour sortir sous la pluie : et hop, on retourne à la maison !
Le lendemain, le beau temps est toujours timide à revenir. On fera une journée “utilitaire” pour la peine : aller faire le plein de courses, le plein d’eau, le plein de bois, le plein tout court et faire les missions douche et laverie. De quoi permettre au soleil de pointer doucement son nez et pour nous de tester plusieurs camping des DOCs sur la route. Nous jetterons notre dévolu sur le camping de Kiosk Creek qui nous permet d’être plus proches des départs de nos prochaines randonnées, offre une très belle vue, a des fire pits, peu de sandflies et est à 5 minutes à pieds de toilettes pour les cargaisons de bus de touristes où l’eau chaude coule à flots !
Randonner à Gertrude Saddle Route
Lire les instructions
Voilà, le soleil est enfin de retour et nous sommes dans les starting blocks : à nous la randonnée de Gertrude Saddle Route. Après une longue hésitation entre celle-là et celle de Key Summit, nous nous décidons pour la plus dure le jour du beau temps assuré et la plus modérée pour le lendemain où le temps pourrait être plus incertain. Au départ de la randonnée, nous lisons attentivement les panneaux d’avertissements : de quoi nous faire hésiter un peu car en fin d’itinéraire sont annoncés des passages de rivières et des endroits techniques et difficiles…
Sauf que les passages de rivières ne se font pas attendre ! À peine avons nous démarrés qu’il faut traverser (sans se mouiller) plusieurs ruisseaux forts chargés en eau : c’est vrai que cela fait deux jours qu’il pleut quasi non-stop et nous avons bien vu les cascades se former lors de notre rapide passage au Milford Sound. On réfléchit, on hésite, je veux déchausser mais Nico déteste se rechausser les pieds mouillés. Si c’est difficile au début (ce qui n’est pas annoncé dans les panneaux) qu’est-ce que cela va donner à la fin ? Jusqu’où aura-t-on de l’eau ? Il fait à peu près beau mais de là à être mouillés jusqu’à la taille par ce temps… Nous avons déjà fait bien pire sous d’autres latitudes mais soit l’eau était basse (en Islande) soit on pouvait sécher rapidement (à la Réunion) ou apprécions presque d’être humides (en Utah).
On abandonne ?
Nous commençons à rebrousser chemin mais après quelques pas, cela nous contrarie un peu de ne même pas réellement essayer. Allez, on retourne au van pour y prendre des sacs étanches (certains se rappellent peut-être que c’est en randonnée que j’ai noyé mon dernier téléphone) et de quoi s’essuyer les pieds si nous déchaussons.
S’assurer d’être au sec
Une fois mes affaires précieuses assurées au sec, on reprend le chemin le cœur léger : au pire, il n’y aura pas de perte et on arrêtera la randonnée juste avant la dernière traversée de rivière si le courant est trop fort. Hop, hop, hop, on suit le même chemin pour la troisième fois (à l’aller, au retour et on y revient) : on sait que ça passe, c’est facile, on sautille facilement au-dessus des ruisseaux et des petits bras de rivière.
Et d’un coup, sans que j’ai le temps de comprendre ce qu’il se passe, je me sens couler dans le ruisseau. Aaaaah, c’est froid ! Aaaah mais j’ai rien pour me rattraper ! Je m’agrippe à des touffes d’herbes, les pieds toujours au fond de l’eau ! Je me demande combien de temps vont tenir les herbes et surtout si je vais avoir la force de me hisser ! Arf, j’arrive sur l’autre berge ! Mais que s’est-il passé ?
De l’autre côté Nico a l’air d’avoir envie de sourire mais il sait que c’est encore un peu tôt pour que je rigole de cette mésaventure. Je commence à avoir une sensation de déjà vu : être confiante pour traverser et d’un coup d’un seul me retrouver trempée. Là, pour ma décharge, je pensais atterrir sur la berge, mais il s’agissait en fait simplement d’une touffe d’herbe inondée ! Plus de peur que de mal, je ne suis mouillée à peine que jusqu’aux genoux.
Nico me propose alors d’abandonner pour aller faire Key Summit. Pas question ! En plus maintenant que je suis trempée, pour moi les traversées des cours d’eau vont être nettement plus simples 😉 !
Traverser la rivière
Nous voilà de retour à l’endroit qui nous avait fait faire demi-tour. Pour la blague, ce que nous pensions pas assez solide pour nous soutenir l’était bien plus que ce que j’ai choisi pour sauter quelques mètres auparavant ! Bref, nous traversons facilement et plus besoin de déchausser pour ma part pour traverser la rivière.
Au retour, mes chaussures ayant commencé à sécher, je le ferai pieds nus : grr, tellement facile que ça m’a un peu fait rager….
Monter puis grimper
Une fois ces péripéties passées, la montée s’avère assez facile. Il n’y pas de difficultés techniques importantes sur la première partie du chemin. On monte tranquillement dans un paysage déjà somme toute assez impressionnant car bientôt il devient uniquement minéral.
La traversée de rivière annoncée est plus facile que les traversées en plaine : de nombreux cailloux dépassent et je ne reçois pas une goutte d’eau sur moi !
La suite est sympa car un peu challenge. Pour nous, le temps étant de la partie, ce n’est pas dangereux, cela ne glisse pas du tout et nous pouvons facilement nous orienter même si le marquage est très léger (un peu trop je pense) car nous savons que nous visons la “saddle” qui est dans notre ligne de mire.
Néanmoins, et un autre panneau rappelle le danger plus en altitude, les messages d’alerte ne sont pas à prendre à la légère. Avec ne serait-ce qu’un petit crachin, je pense que cet endroit devient un enfer terrifiant pour les randonneurs. La roche doit être glissante comme une patinoire et une visibilité réduite empêche de choisir facilement l’itinéraire le plus sûr. Bref, nous avons beaucoup de chance au niveau de la météo, mais durant les derniers mètres de dénivelés, je commence à croiser les doigts : nous voyons quelques nuages de l’autre côté du col…
S’émerveiller
Les derniers efforts portent leurs fruits : nous arrivons enfin de l’autre côté de cette Gertrude Saddle. Les nuages ne sont pas encore trop denses, nous profitons du lieu à sa juste mesure. Alors que toute la deuxième partie de la montée s’était effectuée dans un décor totalement minéral, c’est un tout autre paysage qui s’offre à nous de l’autre côté.
Voilà, maintenant on comprend enfin l’engouement pour le Fiordland National Park !
Une vallée ultra encaissée s’étend jusqu’à la mer et seule la nature domine. C’est un magnifique panorama que nous ne sommes pas prêts d’oublier !
Et pour la blague, arrivés en haut, Nico (en short pour ne pas mouiller son pantalon) veut enfin enfiler sa petite laine quand il réalise qu’il l’a oublié ! Heureusement que j’ai porté et ma doudoune et mon k-way (et mes gants et mon bonnet, moi !) pour pouvoir lui prêter une couche : un peu plus et j’étais privée de spot de pique-nique à cause de son étourderie !
La redescente (par le même chemin il va sans dire) est plus simple que la montée : le temps ne s’est pas trop dégradé et il n’y a plus d’effort physique à fournir. Juste de quoi bien se mettre en mémoire ce que nous venons de faire : une magnifique randonnée de plus en Nouvelle-Zélande !
Retourner au Milford Sound sous le soleil
Après cette journée réussie sans une goutte de pluie, nous tentons notre chance une deuxième fois pour retourner voir le Milford Sound. C’est chouette de comparer la route découverte auparavant par temps de pluie. Finalement les perspectives (à part aux points de vue bien sûr !) ne sont pas si différentes. Cette fois je ne compte plus une trentaine de torrents sous un seul regard : cela avait aussi son charme !
Arrivés au parking, nous nous apprêtons à payer pour une petite heure le temps de se dégourdir les jambes et de faire LA photo. Impossible, c’est seulement par paquet de 5 heures : pour les croisières peut-être ? Alors, on ne paye pas, on fait LA photo quand même et on repart aussi sec. En comparaison de ce que nous venons de voir aujourd’hui avec notre ascension à la Gertrude Saddle, il n’y a pas photo !
Randonner à Key Summit
Allez, on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. La randonnée d’hier a été un succès, j’ai hâte de me frotter à celle de Key Summit qui semble être également pleine de promesses : moins longue et avec moins de dénivelé, elle a l’air d’offrir des panoramas inoubliables sur le Fiordland National Park.
Vroom, vroom, on quitte notre camping de Kiosk Creek sous le soleil et arrivons au parking de The Divide plus que mitigés. Le temps est beaucoup moins dégagé ici… Nous sommes en train d’enfiler nos chaussures de marche (toujours trempées de la veille évidemment) quand nous sentons quelques gouttes nous tomber dessus. Bon, c’est vrai, une éclaircie peut arriver, mais une bonne averse aussi et seules nos chaussures sont mouillées pour le moment… Changement de plan ! Nous avons bien profité de ce parc national depuis plusieurs jours, tant pis si nous ne réalisons pas cette ascension : cela nous laissera des surprises si on venait un jour à revenir !
Et partir se doucher au lac de Manapouri
Nous décidons donc de renoncer à cet dernière randonnée dans le parc et roulons en direction du lac de Manapouri qui, même sous un temps plus que mitigé, nous permet de passer une belle après-midi. Avec un rayon de soleil, cet endroit à l’air d’avoir, pour nous, bien plus de charme que la lac de Te Anau.
Le camping au tarif plus que compétitif (la dame s’est-elle trompée en nous faisant payer ?) nous permet de profiter de toutes les commodités qui nous ont manqué pendant ces 5 jours dans les campings du DOC. Le wifi nous aide à planifier la suite de nos aventures : nous jetons notre dévolu sur le parc national du Mont Aspiring, mais çà c’est une autre histoire !