Cradle Mountain : LE parc national de Tasmanie ?
Lorsque nous arrivons au Cradle Mountain National Park, plus besoin d’acheter le pass des parc de Tasmanie puisque cela fait déjà quelques temps que nous sillonnons les parcs nationaux de Tasmanie. À notre actif, ce ne sont pas moins de 4 parcs que nous avons parcouru : le parc de la péninsule de Tasmanie, le parc du Freycinet, Narawntapu National Park et Rocky Cape National Park. Jusqu’à présent nous nous étions souvent sentis seuls au monde lors de nos randonnées. Au Cradle Mountain, ce n’était pas tout à fait la même histoire !
Un parc sans camping et sans voiture
Camper à Waratah
Avant de nous rendre dans un lieu, en général, on regarde si des campings vont pouvoir nous convenir. À part la fois où nous avons dû aller dans un camping privé au Freycinet National Park (on n’avait pas réservé six mois à l’avance), nous n’avons fréquenté que des campings first in first serve, c’est-à-dire que c’est en arrivant que l’on choisit son emplacement parmi ceux disponibles.
Dans le parc national de Cradle Mountain, pas de camping de ce genre : Nico m’a même dit qu’il en avait trouvé un à 65 dollars la nuit ! Largement hors budget pour nous qui avons l’habitude de payer entre 13 et zéro dollars australiens par nuit…
Nous nous sommes donc éloignés et avons trouvé refuge dans la charmante bourgade de Waratah qui a tout pour nous plaire : un super camping municipal au bord d’un charmant plan d’eau (où paraît-il vivent des ornithorynques mais après 3 soirs sur place, nous n’avons, à notre plus grand regret, pas réussi à le vérifier), une petite géocache non loin des chutes d’eau et des bâtiments historiques relatant l’histoire des pionniers européens venus extraire l’étain (et sur les aborigènes qui étaient peut-être là avant, pas grand chose…).
Garer sa voiture au visitor center
Le lendemain matin, nous partons donc en direction du parc depuis Waratah. Arrivés au parc, nous sommes tout étonnés : c’est un parking digne de Disneyland qui nous accueille ! Les places de parking sont nombreuses et les toilettes aussi : il n’y a pas moins de 10 box dans les premières croisées. Et c’est une queue d’aéroport qui nous attend pour rencontrer les rangers de l’accueil. Nous n’avions pas tant besoin d’informations que ça sur le parc mais devions absolument récupérer les tickets de bus pour le shuttle. Car oui, dans ce parc, pas de voiture ! Au premier abord ce service de bus peut paraître étrange, mais quand nous avons vu tous les touristes présents sur le site, on a drôlement remercié la Tasmanie pour cette organisation du tonnerre ! Mais… On se demande où tous ces gens étaient avant puisque nous ne croisions jamais personne sur les autres chemins de randonnée…
En tout cas, le service de bus est ultra simple, très rapide et les conducteurs sont très sympathiques : ils donnent plein d’informations au fur et à mesure de l’avancée du bus, dont certaines nous aurons été très utiles 😉 ! J’aime beaucoup que le parc soit ainsi préservé de la pollution des voitures (et de la pollution sonore) : cela permet à l’ensemble de rester un espace naturel même s’il est très façonné par l’homme pour la marche à pied.
Le parc Cradle Mountain sous le soleil
Nous voilà donc partis sous un soleil radieux découvrir le parc national de Cradle Mountain.
La météo nous avait incité à faire une grande randonnée ce jour-là mais les ampoules de Nico aux pieds en ont décidé autrement. Après avoir récupéré les billets de bus, nous avons profité de cette première journée tranquille pour admirer les panoramas depuis une petite boucle de 7 kilomètres qui nous a permis d’amorcer la découverte du parc.
Soyons honnêtes, nous trouvons ça très joli et passons un moment très agréable mais ne comprenons pas l’engouement de tous ces touristes qui sont passés à côté du Narawntapu NP ou encore de Rocky Cape NP qui nous avaient offert des vues à couper le souffle. Peut-être sommes-nous assez habitués à ce genre de paysages alpins et donc moins à même de s’émerveiller devant ce lieu ?
Pour finir la journée en douceur, nous voulons découvrir « l’interpretation center » qui nous permet de découvrir un maquette du parc avec le chemin que nous prendrons le lendemain pour gravir le plus haut sommet du lieu. La dernière montée à l’air assez raide !
Nous commençons ensuite la lecture des panneaux quand un premier ranger vient les éteindre. Nous nous installons ensuite dans la salle de projection quand un autre ranger vient éteindre la télé en annonçant que de toute façon personne ne la regarde. Humour australien ? Le centre en fait ferme ses portes à 16h30, soyez plus matinaux que nous pour en profiter ! Pour notre part, il ne nous restait donc plus qu’à rentrer pour se reposer face aux platypus invisibles (franchement, ça existe vraiment cette bête là ?) et prendre des forces pour la grosse rando du lendemain.
Le sommet de Cradle Mountain dans les nuages
Le lendemain, nous retournons cette fois de bonne heure pour réaliser l’ascension du sommet de Cradle Mountain. Dès notre arrivée, nous voyons bien que la météo n’est vraiment pas la même que la veille mais ces nuages ajoutent un autre je ne sais quoi au lieu. Déjà, cela a réduit considérablement le nombre de voitures sur le parking et cela n’est pas pour nous déplaire et les nuages nous offriront une autre expérience du lieu.
Le début de la randonnée que nous avons choisie est une jolie mise en jambe le long du Dove Lake. Les chemins sont larges et très bien entretenus : les pierres taillées s’alternent avec des petits pontons de bois en très bon état. Tout est fait pour que les randonneurs ne quittent pas les chemins pour préserver d’une part la flore et d’autre part la faune des lieux.
Commencent ensuite de belles montées parfois un peu raides où des chaînes sont en place pour nous aider. Les panoramas sont évidemment de plus en plus beau et nous revoyons à la hausse nos impressions de la veille, et ce malgré la météo menaçante.
Après 2 heures de marche, nous attaquons le gros du morceau, l’ascension de la Cradle Mountain. Le temps annoncé est de deux heures et demi pour l’aller-retour : cela nous paraît assez pessimiste mais au final, il nous faudra tout de même une heure cinquante pour faire l’aller-retour, en sachant que la météo ne nous a pas donné envie de faire une pause (pourtant méritée) au sommet.
Très rapidement lors de cette montée il ne s’agit plus de randonnée « pédestre » car tous nos points d’appuis sont sollicités : pieds, mains et parfois genoux sont nécessaires pour se hisser sur les rochers. Le parcours est certes extrêmement bien balisé et visible même par mauvais temps mais il n’en reste pas moins que cette montée à un goût d’aventure. C’est un sentiment étrange et agréable que je ressens lorsque nous sommes pris dans les nuages et entrevoyons seulement les pics déchiquetés des alentours. Sous nous, ce sont des gros blocs de pierre que nous devons escalader sans avoir peur de tomber entre ou dégringoler. Le temps est maussade : le vent s’est levé, la température a chuté et nous ne voyons pas toujours très loin. Néanmoins, le moment est intense, autant par l’effort que par le plaisir à se trouver là et à réaliser ce petit exploit.
Finalement le sommet arrive presque trop vite : nous avons croisé et doublé pas mal de monde et le sentiment d’être seuls au monde nous a un peu manqué ! Nous sommes néanmoins ravis par cette montée et à peine arrivés au sommet nous redescendons illico pour profiter d’un temps un peu plus clément dans la vallée pour déguster dans de bonnes conditions notre pique-nique bien mérité.
Petite remarque au passage, on a parfois été surpris des tenues de certains qui ne nous paraissaient pas forcément adaptées : l’hypothermie peut facilement arriver dans ces conditions et le mini-short et les petites baskets ne nous semblaient pas forcément la tenue adaptée au lieu… Le parc prévient assez bien les visiteurs dès l’entrée et je trouvais un peu infantilisant de nous mettre autant en garde à nous rappeler qu’en montagne il faut être prêts à un temps changeant rapidement et qu’il faut prendre dans son sac des vêtements de pluie, des vêtements pour le chaud, de quoi se protéger du soleil et suffisamment d’eau et de nourriture pour la journée. À priori, certains, mêmes bien prévenus, n’y prennent pas garde…
Notre randonnée étant une boucle, hormis le passage pour monter au sommet, nous redescendons tranquillement en direction de l’arrêt de bus via un autre chemin qui est assez escarpé et nous apprécions les chaînes pour s’assurer à la descente. Et durant les dernières dizaines de mètres, nous repensons à notre randonnée au Hibok-Hibok et comme nous avait invité Larry à le faire alors, nous terminons cette randonnée en courant ! De quoi rire un bon coup et achever de me mettre de bonne humeur ? Non, car une dernière surprise encore plus jouissive nous attendait.
Des wombats pour nous dire à bientôt
À peine remis de notre sprint final, la navette arrive pour nous prendre à son bord et nous ramener au visitor center. Le conducteur de ce bus est particulièrement loquace et après nous avoir demandé si nous avions bien profité du lieu (oh que oui !), il nous explique que nous allons peut-être avoir la chance de voir des wombats à Ronny Creek. Les wombats, ce sont des grosses boules de poils herbivores qui ne vivent qu’en Australie et qui ont la particularité de faire des « cacas carrés » que nous avions repérés dès notre première randonnée sur la péninsule de Tasmanie (lien). Depuis cette première rencontre avec leurs déjections, je n’avais de cesse de les chercher du regard pour les rencontrer, et ce sans succès depuis 15 jours. Alors quand le conducteur nous assure qu’ils sont bien présents à cet endroit précis du parc et qu’on peut les voir derrière le virage, je me catapulte immédiatement hors du bus (et Nico me suit).
Nous voilà donc partis sur les planches de bois de Ronny Creek à la recherche des producteurs de crottes cubiques. Deux personnes croisées en sens inverse nous confirment que nous allons sûrement en voir, ils viennent d’en croiser quelques uns.
Et en effet, à peine commençons-nous à marcher sur les planches que nous apercevons au loin un premier spécimen. Nico fonce tête baissée en disant qu’il est bien trop loin pour l’observer, nous allons trouver mieux après. Sauf qu’après, je ne vois plus rien et j’ai l’angoisse qui monte : est-ce que je n’aurais pas loupé MA chance de voir ce wombat tant attendu ?
Après quelques minutes, nous voyons un groupe de personnes avec appareils photos dégainés : c’est sûr, nous approchons du graal ! Sauf que Mr (ou Mrs) Wombat décide de se faire la malle juste quand nous arrivons. Qu’importe, nous le suivons et l’observons un peu de loin. Il est sereinement en train de brouter : on l’entend arracher les herbes et les mâcher. Ces animaux n’ont pas de prédateurs : cela se ressent dans la force tranquille qu’il dégage. Je profite de ce drôle d’animal pendant un sacré bout de temps : lui ne sourcille pas une seule fois que deux badauds l’observent pendant sa pause déjeuner.
Quand nous nous décidons enfin à repartir, j’aperçois une autre sortant de sa sieste : j’ai le droit à un magnifique bâillement digne d’un animal ayant eu un sacré programme de repos durant sa journée. Je commençais à être repue de ces petites bêtes mais c’était sans compter le chemin du retour (on a marché dix minutes à peine !) où nous aurons la chance de croiser encore de nombreux autres wombats en train de se déplacer ou encore de boire.
Je pense avoir vu presque toutes les activités possible du wombat : dormir et bailler, marcher à un pas de sénateur et brouter. Ne manque à mon palmarès que le flagrant délit du caca au milieu du chemin (car ils semblent avoir un malin plaisir à nous mettre des pièges sur tous les chemins de randonnée pratiqués jusqu’alors !).
Voilà enfin cette belle deuxième journée au parc qui s’achève : alors oui, le temps était bien plus maussade que le premier jour mais le programme de la journée a su ensoleiller ce bel endroit et me faire revoir à la hausse mon impression sur ce parc national. Finalement, il vaut vraiment le détour également !