Notre road trip en stop sur l’île de Savai’i à Samoa ou comment faire de très belles rencontres
Nous avons prévu trois semaines aux Samoa car nous savons que nous aimons prendre notre temps. Néanmoins, la réservation – tardive – d’un scooter nous a un peu compliqué le calendrier. En effet, les jours où il était disponible étaient en plein milieu de notre voyage. De ce fait, et parce qu’on avait un peu trop pris notre temps au bord des lagons d’Upolu pendant notre première semaine, nous voilà avec seulement 5 jours et 4 nuits devant nous pour visiter Savai’i. Sans transport privé et en ayant la ferme intention de ne pas utiliser de tour ou de taxi pour tout-tristes, nous décidons que nous ferons certes le tour de l’île mais uniquement en stop ! Nous ne pouvions certainement pas avoir de plus belle idée pour profiter au mieux de l’ambiance sereine de cette île !
Lire la suite : Notre road trip en stop sur l’île de Savai’i à Samoa ou comment faire de très belles rencontresL’île de Savai’i en quelques mots
De nombreux Samoans nous ont fait comprendre que si nous n’allions pas à Savai’i, nous ne connaîtrions pas réellement Samoa !
L’île de Savai’i est la plus grande des îles des Samoa. Ses sommets culminent à plus de 1800 mètres : malheureusement nous n’aurons pas l’occasion de randonner dans cette île. Plus grande, plus haute mais moins peuplée que sa voisine Upolu, elle dégage une atmosphère encore plus sereine et tranquille.
Les deux îles, Upolu et Savai’i sont très bien reliées avec plusieurs ferrys quotidiens entre Mulifanua et Salelologa. Le tarif très raisonnable de la traversée (10 talas par personne) n’est pas un poids dans le budget.
L’île de Savai’i est découpée en six districts : de quoi compliquer un peu les transports en bus si l’on veut éviter des aller-retour inutiles. Quoi de mieux que le stop donc ?
Faire du stop au Samoa
Nos premiers déplacements sur l’île d’Upolu (celle où l’avion nous dépose) nous ont rapidement donné l’occasion de lever le pouce. La facilité avec laquelle nous avons été pris en charge nous avait laissé un peu rêveurs… Nos expériences de stop au Japon nous avaient permis de découvrir le pays d’une façon peu commune.
Ici, c’est un peu différent car, en tant qu’Européens, nous savons que notre niveau de vie est plus élevé que celui des locaux. C’est toujours, pour moi, plus délicat de demander un coup de pouce quand on pourrait avoir les moyens de payer facilement les transports collectifs. Sauf que dans certains endroits de l’île, les transports collectifs se font rares : une bonne raison pour tenter l’aventure !
À chaque fois que nous avons levé le pouce, nous avons vu immédiatement les voitures s’arrêter. Certaines pour nous indiquer comment prendre des bus, d’autres pour nous emmener quelques kilomètres plus loin ou encore certaines pour s’excuser de ne pas pouvoir nous prendre. Évidemment, d’autres nous ont pris à bord, et ce fut toujours un plaisir !
Jour 1 : du ferry à Lauiula Beach Fales
Notre départ pour Savai’i s’est fait comme on l’aime, totalement à l’improviste ! En effet, nous étions en route pour l’île de Manono quand nous recevons un message de la personne des fales nous indiquant qu’elle ne pourra plus nous recevoir. Il y a une grosse panne d’eau et s’excuse de devoir annuler notre venue. Qu’à cela ne tienne, nous sommes en route pour rejoindre le port, partons donc pour l’île de Savai’i !
À l’embarcadère de Mulifanua nous avons un peu de temps devant nous : de quoi s’acheter à manger et de quoi papoter avec Richard installé à notre table. Je n’ai pas été l’instigatrice de cette rencontre, mais si on me parle et que le feeling passe bien, évidemment je me mets à jacasser ! Nous parlons leçons de vie : il pense qu’il est indispensable, pour bien travailler, de prendre des vacances. Alors là, je ne peux qu’adhérer ! Lorsque je lui demande d’où il est originaire, je regarde sur la carte le nom de son village : Lano. Tiens, c’est rigolo, nous allons au même endroit, puisque, un peu au hasard, nous avons décidé d’aller à Lauiula Beach Fales. J’en profite pour le questionner sur les bus et il me propose plutôt de venir avec lui puisqu’il prendra de toute façon le taxi pour aller au même village.
Arrivés à destination, nous réalisons que j’avais rencontré le patron de Lauiula Beach Fales ! Un lit, une moustiquaire et un bon dîner nous attendent donc pour ce soir. Face à la carte de l’île, notre hôtesse nous fait notre itinéraire pour les 4 jours à venir : aller voir les tortues à Manase, dormir sur la plage de Falealupo et enfin découvrir les blowholes pour terminer avant de passer notre dernière nuit chez eux. Merci des conseils !
Deux petites remarques sur l’itinéraire qu’elle nous a proposé :
- Falealupo : trop d’avis négatifs sur internet (vols, ambiance bizarre ou encore mauvaise nourriture) nous ont convaincu de passer notre chemin au risque de louper LA plage de Samoa.
- Le hasard des rencontres a fait que finalement nous n’avons pas passé notre dernière nuit à nouveau au Lauiula Beach Fales comme prévu, j’espère qu’ils ne nous en ont pas tenu rigueur…
Jour 2 : en route vers Manase et ses tortues
Le lendemain, le soleil est de retour pour le début de notre aventure en stop. Le bus doit passer mais personne ne sait vraiment l’heure alors autant lever le pouce en attendant. Très rapidement tout le monde s’arrête pour nous proposer de l’aide. Souvent ils ne vont que jusqu’au bout du village. Un conducteur dans sa voiture de fonction s’arrête même pour s’excuser car il n’a pas le droit de nous prendre à bord. Quand tout à coup, un bolide sort à toute allure du virage.
Nous rentrons immédiatement nos pouces et nos sourires car nous ne voulons pas faire le trajet avec un fou du volant. Pas de chance, il s’arrête spontanément pour nous proposer de monter à bord ! Difficile de refuser, surtout qu’il décide de faire un détour pour nous déposer à destination finale ! Nous papotons avec lui : encore un Samoan qui est parti en Nouvelle-Zélande pour avoir une meilleure vie…
Notre point de chute prévu est le Tailua Beach Fales. Le choix s’était un peu fait au hasard : nous avons eu la main heureuse. Les fales proposent de vrais lits (pas seulement un matelas au sol) et surtout ont toutes une petite terrasse avec tables et chaises donnant sur la mer. De quoi passer un bon moment à profiter de cette belle vue !
Il paraît que l’on peut voir des tortues, certains touristes les ont vues en se baignant, mais je n’ai pas eu cette chance. Dommage que nous n’ayons que si peu de temps sur Savai’i, nous serions très probablement restés une deuxième nuit à cet endroit pour augmenter la probabilité de croiser des tortues. Le lendemain, l’omelette du petit-dej’ fourrée aux spaghettis en boîte nous a moins fait regretter notre départ 😉
Jour 3 : longer la côte Nord, la plus sauvage de l’île, jusqu’à Satuitatua Beach Fales
Pour ce troisième jour de stop, ce ne sont pas moins de 70 kilomètres qui nous attendent sur la côte la plus sauvage de l’île. La journée commence avec une petite inquiétude : est-ce réaliste de faire ce parcours sans trop galérer ?
Les rares voitures ne vont qu’à quelques centaines de mètres. Notre première conductrice du jour nous avance de 4 kilomètres et nous dépose à une station de taxi. Les suivants s’arrêtant nous indiquent comment faire en bus pour aller jusqu’à notre destination finale : retourner au port pour prendre le bus dans l’autre sens… Les voitures sont extrêmement rares. Nous décidons d’avancer un peu à pied pour aller au-delà d’une rare intersection menant à des grottes. La probabilité pourrait être forte que des touristes passent par là et nous prennent à leur bord.
Plutôt que des touristes, nous avons finalement la chance d’être pris en charge à ce carrefour par un charmant couple samoan, Rafael et Dolores. Ils nous avaient vu quelques centaines de mètres auparavant mais, étant en train de travailler, ne pensaient pas pouvoir nous aider. En réalité, leur rencontre est idéale pour nous ! Ils sont en journée de livraison auprès de la multitude de petits magasins dont l’île regorge. Régulièrement, ils font le tour de l’île pour réapprovisionner ces petites échoppes. Durant le trajet nous apprenons à nous connaître. Nous échangeons sur nos pays d’origine et notre vision du monde qui nous entoure. Ils projettent de repartir dès que possible s’installer en Nouvelle-Zélande (ils y ont déjà passé une année). Encore des Samoans ayant un lien avec le pays des kiwis. À nouveau, merci à eux pour cette très belle journée passée en leur compagnie !
Jour 4 : revenir à Salelologa Wharf et un peu plus
Maintenant habitués aux fales ouvertes sur la plage, nous avons passé une très bonne nuit. Le plaisir de s’endormir au son des vagues et de se réveiller avec le lever de soleil sur la mer n’a pas de prix. D’ailleurs les prix du Satuiatua Beach Fales ont été les plus raisonnables rencontrés : 80 talas par personne par nuit avec petit-dej’ et en nous laissant le choix du plat du soir !
Au matin, pendant notre petit-déjeuner, nous voyons un bus passer. Flûte, bien malin saura quand le prochain passera et même s’il y en aura un prochain… Un fois prêts, nous nous installons à l’ombre au bord de la route pour attendre le prochain bus.
Rapidement, nous réalisons qu’il y a très peu de voitures : parfois entre deux voitures, plus de 8 minutes s’écoulent ! Alors s’il y a peu de voitures, peut-être qu’il y a encore moins de bus. Allez, on a réussi à faire les 3/4 de l’île en stop, poursuivons l’aventure !
Nous levons le pouce et sans mentir, la première voiture qui passe s’arrête. C’est une voiture estampillée d’un resort. Le conducteur est donc habitué aux touristes qui payent des tours. Ne voulant pas me retrouver dans une situation inconfortable à l’issue du trajet, j’évoque immédiatement un tarif potentiel. La phrase entendue il y a fort longtemps « we didn’t speak about the price » m’a servie de leçon. Alors que pour toutes les autres voitures arrêtées je n’avais pas de doute, celle-ci m’interroge à cause du logo. Je ne saurai jamais si le conducteur pensait nous aider gratuitement… Ma formulation lui demandant s’il nous prenait à bord pour le tarif du bus n’a néanmoins fait de mal à personne : cela ne nous aura pas coûté trop cher et cette franchise nous aura évité une situation potentiellement délicate.
Nous discutons bien avec ce chauffeur qui a eu l’occasion de voyager jusqu’à Shanghaï dans le cadre de son travail (promouvoir le tourisme chinois aux Samoa). Il a également travaillé dans les Samoa américaines dans des usines de thon. Il a déjà quitté son île et a l’air de l’aimer d’autant plus maintenant qu’il y est de retour.
Il nous dépose à la gare de bus : la boucle est bouclée ! Nous avons fait tout le tour de l’île en partageant des voitures avec toutes sortes de Samoans : encore merci à eux qui nous ont fait découvrir leur île par leurs mots et leurs histoires.
Pour notre dernière nuit à Savai’i, nous nous offrons un peu de luxe dans un resort recommandé par Dolores. La promo dernière minute booking rend le tarif assez abordable et nous profitons avec plaisir du changement de confort : salle de bain privative, climatisation, piscine et cocktails, c’est une autre Savai’i qui s’offre à nous !
Partir sans avoir vu les attractions touristiques
Au final, nous aurons donc parcouru toute l’île de Savai’i durant ces 5 journées mais serons passés à côté des attractions touristiques. Pas de tortues emprisonnées pour satisfaire la curiosité des touristes (on ne cautionnait pas, cela aurait été très facile de s’y rendre à pied depuis Manase). Pas de tortues non plus dans la mer, mais ça c’est une question de chance. Pas de visite de vestiges d’église dévastée par une coulée de lave. Pas de grotte, pas de chutes d’eau et encore moins de blowholes (souffleurs).
Les plages ne nous ont pas époustouflés car elles se font lentement, mais sûrement, grignoter par la mer (donc sont même inexistantes à marée haute). Les fonds marins sont restés timides pour nous car nous n’avons rien vu depuis les plages de nos fales. La météo a été capricieuse avec de la pluie au départ.
Et pourtant, nous aurons plus qu’adoré ces quelques jours sur cette île. Évidemment, grâce aux joies du stop qui nous aura offert de très belles rencontres de Samoans. Le calme de cette île et la gentillesse de ses habitants ne peuvent pas laisser indifférents. Ai-je raconté qu’au magasin, la vendeuse, pour nous permettre d’allumer nos spirales anti-moustiques malgré le vent, nous a donné un briquet qu’elle avait récupéré à défaut de nous le vendre. Encore merci à tous !
Je crois maintenant que tous les Samoans nous ayant dit qu’il fallait absolument aller à Savai’i pour réellement connaître leur pays avaient raison !
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